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Colloque international, Écritures urbaines, écritures exposées

18/10/2019

L’actualité récente relative aux « écritures urbaines » – mouvements sociaux, commémorations de mai 68 – a montré l’importance qu’elles revêtent dans l’espace public et médiatique.

Ce colloque international et interdisciplinaire propose d’interroger leurs inscriptions dans l’espace sur-sémiotisé qu’est devenue la rue, saturé d’écrits et d’images. Modalités graphiques d’expression et de publicisation de voix plurielles, les écritures urbaines – et plus largement les écritures « exposées » – produisent des discours dont les enjeux politiques, culturels, sociaux et esthétiques intéressent de nombreuses disciplines, en particulier l’histoire et l’histoire de l’art, l’anthropologie de l’écriture, la sémiologie, l’esthétique, la géographie, l’urbanisme, la sociologie, la théorie et la science politique, les sciences de l’information et de la communication, et plus largement les études culturelles et
visuelles.
Les graffitis, comme les slogans, présentent la particularité de se trouver au croisement de préoccupations diverses, qu’ils soient envisagés comme media de basse
technologie (sciences de l’information et de la communication), comme dispositifs de sensibilisation, mots d’ordre ou outils du répertoire d’action collective (sociologie, science politique), comme aphorismes urbains (littérature), comme signes d’urbanisation (géographie), ou encore comme créations plastiques (histoire de l’art).

Il n’en reste pas moins que les travaux menés dans différents secteurs du monde de la recherche ont parfois du mal à dialoguer du fait des barrières disciplinaires et linguistiques. En outre, si l’accent est fréquemment mis dans le monde académique sur les graffitis considérés comme artistiques (qu’ils soient « vandales » ou « légaux »), parfois en regard de pratiques assimilées plus largement à des formes de désordre, les études sur les graffitis définis comme contestataires ou illégaux, anonymes ou pseudonymes – ceux-là même qui sont les plus présents dans l’actualité et les plus largement diffusés sur les réseaux sociaux – restent encore disparates. L’intérêt pour le mouvement graff tel qu’il s’est développé depuis le début des années 1970 ne doit pas occulter d’autres pratiques d’écritures dans l’espace urbain qui lui préexistent ou lui sont concomitantes, contribuant à dessiner des paysages urbains contemporains pluriels et dialogiques.

Ce colloque invite ainsi les chercheurs de tous horizons à décentrer le regard pour observer la façon dont les discours graphiques sont publicisés sur les murs, en France ou dans d’autres pays. Par l’instauration d’un dialogue que nous souhaitons largement interdisciplinaire, il s’agira de poser les bases d’une réflexion commune sur les enjeux de catégorisation de ce massif hétérogène et diffus que sont les « écritures urbaines ». Quels sont les partis-pris sous-jacents aux diverses délimitations possibles (et effectives) de ces écritures ? Quelles sont les implications des essais de généalogie historique et de classification ? Entre marquage territorial et identitaire, inscriptions politiques, pratiques artistiques, les écritures exposées se déploient en effet dans de nombreux sous-genres qui correspondent souvent à autant de localisations (graffitis carcéraux, graffitis en milieu rural, etc.), d’acteurs (activistes, artistes professionnels ou amateurs, touristes, etc.), ou encore de circonstances, lorsque des événements collectifs – manifestations, occupations ou encore guerres et attentats – deviennent des « événements d’écritures » (Fraenkel ; 2003).

L’analyse des écritures urbaines engage à ce propos une autre série de questions sur les actes et leurs auteurs :

  • Que disent les techniques et les matériaux employés (bombe aérosol, stylet, marqueur, recettes personnelles…) de leurs auteurs ?
  • Quels parcours intimes (détentions, migrations…) déclenchent le geste d’inscription ?
  • Qu’est-ce qui s’écrit sur les murs ?
  • Quels sujets sont ainsi rendus publics par ce mode particulier de communication, ce marquage territorial, à la fois discret et omniprésent dans les villes d’aujourd’hui ?
  • Des sensibilités politiques particulières sont-elles repérables ?
  • Que disent ces écritures du rapport au pouvoir de leurs auteurs (identifiés ou, le plus souvent, anonymes) ?
  • Interroger la dimension politique des écritures urbaines suppose dans le même temps de réintroduire les récepteurs dans le cadre d’analyse. Pratiques mêlant communication publicitaire, écritures de deuil, expression individuelle et collective, ces messages anonymes sont laissés aux bons soins de la coopération du lecteur.
  • Quel contrat de réception induisent-ils ?
  • Peut-on déceler des circulations ?
  • Comment ces messages interagissent-ils avec d’autres formes d’écritures (affiches publicitaires, enseignes, signalétique) dans l’espace public ?
  • Comment, tout en se nourrissant d’un référentiel mondial (le graffiti), s’hybrident-ils à des traditions locales d’affichage public ?
  • Comment sont-ils reçus par les usagers et les autorités des espaces ainsi marqués ?
  • Et que nous disent ces formes de réception de la place accordée à ces écritures dans la vie sociale et politique d’un contexte donné ?
  • Effacés, cachés ou au contraire tolérés, photographiés et valorisés (voire, dans certains cas, réalisés en réponse à une commande publique), les graffitis sont au coeur de processus de légitimation et de délégitimation complexes, qui contribuent à brouiller encore davantage leurs frontières et leur étude.
  • Enfin, comment penser les phénomènes qui excèdent ces objets spécifiques ?
  • Gestes, performances, ils sont aussi un engagement physique, qui n’est pas dénué de risque.
  • Quelle relation pragmatique dessinent-ils à l’autre bout du spectre ?
  • Quels liens établir avec les cultures sonores, orales et visuelles ?
  • Comment l’idée d’« acte d’écriture » s’articule-t-elle à celle d’« acte d’image » (Bredekamp, 2015), et plus largement à l’extension théorique considérable qu’a connu l’idée de « performativité » au cours des dernières années ?

Ainsi, il s’agira d’étudier à la fois les auteurs de ces écritures urbaines et leurs pratiques, les acteurs engagés dans la mise en récit de ces écritures exposées, leur forme et leur matérialité, leur perception et leur réception dans l’espace public, leur valeur symbolique et économique, ainsi que les difficultés méthodologiques posées par leur étude et leur enregistrement (constitution de corpus cohérents, pratiques d’enquête compliquées par leur caractère souvent éphémère, anonyme ou illégal). Pourront aussi être interrogés les usages militants, archivistiques et éditoriaux de ces écritures exposées, depuis leur conservation mémorielle jusqu’à leur exploitation théorique, à l’instar des photo-textes que composent les derniers manifestes du Comité invisible (2014 ; 2016).

Ce colloque souhaite ainsi mettre en lumière les nombreuses recherches émergentes en sciences humaines et sociales sur les écritures urbaines et les écritures exposées, menées dans ou hors du cadre académique, innovantes en termes de méthodes et de terrains investigués.

>> consulter le Carnet de recherche Hypothèse de Biens symboliques / Symbolic Goods
https://bssg.hypotheses.org/

Appel à communication pour le colloque

Un appel est ouvert, les propositions sont attendues avant le 15 mai 2019
>> consulter l’appel à communications sur cette page https://www.mshparisnord.fr/appels-a-communications/colloque-ecritures-urbaines-ecritures-exposees/?preview_nonce=c63890a7a1&preview=true

Comité d’organisation

Anne-Sophie Aguilar, MCF, histoire de l’art, université Paris Nanterre (HAR)
Maxime Boidy, MCF, études visuelles, université Paris-Est, Marne-la-Vallée (LISAA)
Éric Brun, postdoctorant en sociologie, Curapp-ESS
Zoé Carle, postdoctorante LabexMed-MUCEM
Sabrina Dubbeld, chargée de recherche postdoctorale au MUCEM
Wenceslas Lizé, MCF en sociologie à l’université de Poitiers, chercheur au GRESCO, chercheur associé au CESSP
Julie Vaslin, docteure en science politique, laboratoire Triangle UMR 5206

Ce colloque international est organisé dans le cadre du projet POSSIBLE(S) (programme Émergences de la Ville de Paris) et de la revue bilingue et transdisciplinaire Biens symboliques/ Symbolic Goods, publiée en ligne par les Presses Universitaires de Vincennes.
Organisé en partenariat avec le Mucem, il est également soutenu par la MSH Paris Nord, par l’université Paris Lumière, par le Laboratoire d’études en Sciences de l’art (LESA) d’Aix-Marseille université et par la fondation A*MIDEX.

Un projet de recherche qui bénéficie du soutien de la MSH Paris Nord dans le cadre de son appel à projets.

informations pratiques

Paris, Marseille
11 et 18 octobre 2019

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Détails

Date :
18/10/2019
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