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Colloque Le masque à Rome et dans l’Empire Gréco-Romain
26/03/2018 à 10:00 - 28/03/2018 à 19:00
Colloque international sur Le masque à Rome et dans l’Empire Gréco-Romain, pratiques scéniques antiques et contemporaines
Le 26 mars 2018 : Théâtre du Soleil
Route du Champ de Manœuvre, 75012 Paris
métro ligne 1 « Château de Vincennes », sortie 6, puis autobus 112, arrêt « Cartoucherie »
Les 27 et 28 mars 2018 : MSH Paris Nord
20, Avenue George Sans, 93210 St-Denis la Plaine
métro ligne 12 « Front populaire », sortie 3
« Le théâtre romain, écrit Florence Dupont, est le continent noir de notre mémoire culturelle » (L’Orateur sans visage, essai sur l’acteur romain et son masque, PUF, 2000). Est-ce parce qu’il était avant tout un théâtre du jeu ? Et que savons-nous exactement de celui-ci ? Et des masques en particulier ? On parle toujours des atellanes, des pantomimes, sans avoir suffisamment questionné l’objet masque lui-même, utilisé dans ces formes de jeu. Car la typologie des masques induit fortement la dramaturgie. Il est grand temps de réévaluer cette période de notre histoire des arts du spectacle et de le faire à partir de cet outil essentiel du jeu de l’acteur qui modifie la perception et induit un type de représentation et un rapport du spectateur à la scène. Le masque vient en effet contrer la mimesis et affirmer la convention du théâtre comme double du réel, ou comme substitut au réel, en renforçant la prépondérance du ludique.
Nous allons continuer cette année notre exploration du masque scénique dans l’antiquité dans la même perspective pluridisciplinaire et internationale qui fut la nôtre pour le colloque sur « Le Masque grec – pratiques scéniques antiques et contemporaines » (MSH de Paris Nord, 14-16 mars 2017), en faisant le point de nos connaissance sur le masque du théâtre romain : tenter de comprendre ses origines, son hétérogénéité foncière où s’expriment des éléments d’emprunt au théâtre grec et des apports autochtones, sa typologie telle qu’elle fut consignée par Pollux dans son Onomasticum, son évolution et les raisons de son retrait jusqu’à son interdiction, en même temps que le théâtre, par les premiers Pères de l’église.
Nos thématiques seront les suivantes :
– Analyser la culture spécifique de l’improvisation à Rome. Le jeu masqué, en effet, déploie ses ressources propres dans l’improvisation qui offre au langage du geste toute sa puissance. Improvisation entendue non pas seulement comme vertu de la spontanéité mais aussi comme contrôle absolu et valorisation de la virtuosité, du geste comme de la parole.
– Rendre compte des phénomènes de transferts dans l’usage et les fonctions des masques tragiques et comiques issus de la tradition du théâtre grec dans le contexte historique et culturel romain, et dans les provinces de l’Empire jusqu’au IIIe siècle ap. J.-C. Ainsi les masques de la comédie nouvelle grecque seront utilisés à Rome avec une fonction et un sens complètement différents, que nous préciserons.
– Interroger la typologie des masques de comédie telle qu’elle est définie par l’Onomasticum de Pollux. Nous voudrions réaliser les masques de ces principaux archétypes (une douzaine) et les mettre en jeu dans divers extraits de Plaute. Pour cela nous ferons appel à trois facteurs de masques (Ferdinando Fallosi, Stefano Perroco et Ma Fu Liang) en leur demandant chacun de travailler à la réalisation de 4 masques. Nous mettrons en place un atelier de jeu ouvert aux étudiants de Paris 8 une semaine avant le début du colloque.
– Éclairer les origines de l’Atellane, et décrire son évolution. Repérer la typologie des masques de ces jeux très anciens qui s’enracinent dans des rituels et des fêtes populaires et dont de nombreuses caractéristiques se retrouvent, des siècles après, dans les demi-masques de la commedia dell’arte.
– Questionner l’usage du masque de pantomime, et essayer d’en comprendre la force dramatique. Pour cela nous travaillerons avec Claire Heggen de la compagnie du Théâtre du Mouvement et Ivan Bacciocchi, directeur de l’École International du Mime Corporel Dramatique, dans la perspective de reconstituer une pantomime masquée mettant en jeu divers personnages avec ou sans changements de masques.
– Chercher à répondre aux raisons qui ont mis fin à l’usage de ces masques, à Rome et dans l’Empire gréco-romain. Quels ont été les îlots de résistance à cette vaste entreprise de diabolisation du théâtre et de l’usage des masques ? Quelle influence ont-ils eu dans l’Orient romanisé ? Sous quelles formes se sont-ils maintenus, pour ressurgir dans les carnavals européens du Moyen Âge et sous la forme des demi-masques en cuir de la commedia dell’arte ?
– Pour compléter ce panorama déjà très vaste, nous allons aussi travailler sur les mises en scènes contemporaines, en France et en Europe, des pièces du théâtre romain ayant eu recours aux masques afin de ne pas oublier l’importance des répercussions que ces propositions dramatiques ont eu sur la théâtralité du XXe siècle (cf. Giovanni Poli, Personae, 1958).
G. Freixe