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Erotisme et radicalisation
27/10/2017 à 08:30 - 19:00
vendredi 27 octobre 2017, de 8:30 à 19:00,
Auditorium[ COLLOQUE INTERNATIONAL ]
- Responsable(s) scientifique(s)Pierre PHILIPPE-MEDEN (Lyon 1)
Jean-Marie PRADIER (Paris 8) - Invité(s)Nathalie Gauthard
Jean-Marie Pradier
Fehti Benslama
Sophie Rieu
Agnès Giard
Bernard Andrieu
Tiziana Leucci
Michel Bondurand-Mouawad
Marie Boisseau
Philippe Liotard
Damcho Dyson - Lieu(x)MSH Paris Nord
20 av George Sand
93210 St-Denis la Plaine
tél : 01 55 93 93 00Métro ligne 12 : « Front populaire », sortie n°3 MSH
RER B : « La Plaine – Stade de France »Accessible aux personnes à mobilité réduites
• Alors que de nombreux travaux portent sur les origines rituelles du spectacle vivant, ses fondements érotiques restent le plus souvent ignorés ou sous-estimés. Quels sont les fondements qui dans toutes les sociétés associent les arts performatifs et spectaculaires à l’érotisme et à la sexualité aussi bien qu’au politique et aux croyances ? Comment les analyser à partir des trois notions clés de l’ethnoscénologie : la spectacularité, ou ce qui se passe dans la tête de celui qui regarde ; la performativité, ou ce qui relève de l’ordre des conduites motrices et des comportements de la personne qui vit le phénomène ; le rapport symbiotique, ou ce qui est de l’ordre de la relation ?
Longtemps ignorée par les historiens des arts du spectacle vivant, cette thématique est aujourd’hui prise en considération dans le mouvement de renouveau de l’historiographie et de l’ethnoscénologie. Les théories du spectacle vivant constituent en elles-mêmes des objets anthropologiques. C’est ainsi qu’ont dominé en Europe une vision le plus souvent littéraire, philosophique et intellectualiste du spectacle vivant, aux dépens de l’analyse des modalités de leur mise en œuvre. Par exemple, l’idée d’un théâtre : art majeur, essentiellement textuel et respectable, s’est construite depuis la Renaissance. Qui plus est, la question du plaisir des performeurs et des spectateurs et rarement pris en compte. De même, il est à noter que les mouvements avant-gardistes d’un spectacle vivant radical en Europe, dans les Amériques avec des performances mythiques à l’image du Dionysus in 1969 de Richard Schechner, comme en Asie, mettent en scène un érotisme explicite, alors que la diffusion du modèle théâtral dans certaines sociétés s’est heurté à des interdits relatifs à la sexualité.
Les historiens, les anthropologues et les psychanalystes s’accordent pour constater que dans toutes les sociétés humaines le regard et les interactions visuelles sont très contrôlées. Ils jouent de plus un rôle majeur dans la vie sociale – les rapports hiérarchiques -, et le choix des partenaires sexuels. Les éthologistes ont mis en évidence l’importance de l’apparence – qualités physiques, état des caractères sexuels secondaires, « beauté » des plumages et de la fourrure. De tout temps ont existé des spectacles dans lesquels femmes et hommes se donnaient à voir comme objets sexuels. Si l’appétence sexuelle est une donnée biologique, un universel de l’espèce animale, l’érotisme est une variable aléatoire, une notion socialement, culturellement, définie. L’aisthésis est dans l’espèce humaine le moyen de transcender sa fatalité biologique. Tout art étant à la fois multifactoriel et multisensoriel, même si l’on dénote la prééminence d’un sens ou d’une instance biologique, le fatum biologique transformé en art implique l’ensemble de la sensorialité et par conséquent l’esthétique, au sens de plaisir né de la perception de la beauté.