Le présent appel à contributions est proposé par Jean-Hugues Barthélémy et Ludovic Duhem, co-directeurs de l’ouvrage collectif à paraître aux éditions FYP. Les personnes intéressées doivent d’abord envoyer aux adresses et un résumé de leur future contribution selon les spécifications données plus bas. Après sélection des résumés par les co-directeurs selon la pertinence pour la thématique de l’ouvrage, la qualité de rédaction et de traitement du problème choisi et la complémentarité avec les autres propositions, les auteurs pressentis devront remettre un texte destiné à devenir l’un des chapitres de l’ouvrage collectif.
INTENTION GÉNÉRALE DE L’OUVRAGE
L’ouvrage
porte sur les relations entre l’écologie et la technologie à notre
époque, celle où le débat sur l’« Anthropocène » cristallise des
positions fortes et souvent fondées sur des oppositions et des
alternatives marquées. L’idée principale de l’ouvrage est d’apporter à
ce débat un éclairage par la pensée du philosophe français Gilbert
Simondon (1924-1989), dont la redécouverte progressive en France puis à
l’échelle internationale a montré l’importance dans le paysage
philosophique du XX e siècle et, plus encore, l’actualité et la
fécondité pour notre temps.
Bien qu’il soit reconnu pour sa
philosophie des techniques, et même si sa pensée de la nature tend elle
aussi à rencontrer progressivement un écho important, son apport à la
pensée écologique reste plutôt ignoré voire même contesté dans sa
légitimité. L’ambition de ce livre est au contraire et d’abord de
montrer d’une part qu’il n’a pas ignoré la question écologique,notamment
dans ses textes des années 1970 (voir Sur la technique, PUF),
d’autre part que sa philosophie de la nature comme sa pensée de la
technique sont écologiques sans l’affirmer directement. Ses pensées de
la relation et du processus, de la technique comme réalité inséparable à
la fois de la nature et de la culture, elles-mêmes réconciliées entre
elles, ainsi que ses notions de système, de métastabilité, de néoténie,
de transduction, de concrétisation, de naturalisation, etc., en font une
oeuvre qu’il faut aujourd’hui interroger pour mieux comprendre ce que
l’on appelle « Anthropocène », au-delà de l’opposition entre un « facile
humanisme » et un « technicisme
intempérant » (Simondon, Du mode d’existence des objets techniques, Introduction).
Les
tensions qui pourraient alors apparaître au sein de la pensée de
Simondon, mais aussi dans sa confrontation à la problématique
contemporaine (les connaissances, les circonstances, les risques et
menaces ne sont plus les mêmes aujourd’hui que dans les années
1950-1980), seront également mises en évidence dans cet ouvrage pour
proposer une « actualisation » de cette pensée qui en révèle aussi les
limites, et cela en relation avec les penseurs actuels de l’écologie,
les disciplines réunies dans les « humanités environnementales », comme
également avec les situations critiques concrètes et les possibilités
nouvelles qui caractérisent notre époque (dégradation des milieux,
exploitation des ressources, technologies extractives, pollutions
industrielles, techniques de
restauration, techniques écologiques, géoingénierie, etc.).
AXES DE L’OUVRAGE
Afin
de donner une vision d’ensemble et de montrer la diversité des
perspectives possibles, trois orientations sont proposées pour les
contributions :
– Exégèse de la pensée de Simondon à travers l’étude
des thèses, notions et problèmes qui structurent son œuvre, afin d’en
dégager des ressources théoriques pour penser l’écologie en relation
avec la technologie ;
– Confrontation de la pensée de Simondon avec
les penseurs actuels de la relation entre écologie et technologie afin
de montrer l’actualisation possible et/ou les limites de cette pensée ;
–
Mise à l’épreuve de la méthodologie et des notions proposées par
Simondon à travers l’étude de situations problématiques concrètes où
écologie et technologie se rencontrent.
Conditions éditoriales :
– Langue : français ou anglais
– Quantité de signes dans les résumés : 1500 à 2000 signes (espaces non compris)
– Quantité maximale de signes dans les textes complets (après sélection des résumés) : 25.000 signes (espaces non compris)
– Format : les textes (résumés et textes complets) doivent être au format .doc ou .odt
Calendrier :
– Lancement de l’appel à contributions : 20 janvier 2020
– Date limite d’envoi des résumés : 9 mars 2020
– Retour aux auteur.e.s des résumés : 30 mars 2020
– Date limite de remise des textes complets : 30 septembre 2020
——————-
Les co-directeurs:
Jean-Hugues BARTHÉLÉMY est agrégé de philosophie, docteur en épistémologie, habilité à diriger des recherches et chercheur associé à l’Université Paris-Nanterre. Il a été éditeur et directeur des Cahiers Simondon de 2009 à 2015, et directeur du Centre international des études simondoniennes de 2014 à 2019. Auteur de cinq monographies en français et anglais sur Simondon, ainsi que de près de 80 articles dans des revues ou des collectifs français et internationaux, il a publié en 2018 un premier ouvrage de reconstruction philosophique globale (La Société de l’invention. Pour une architectonique philosophique de l’âge écologique, Paris, Éditions Matériologiques, 2018) et travaille désormais à l’écriture de La Philosophie du paradoxe. Prolégomènes à la Relativité philosophique, ainsi qu’à celle d’un petit livre dialogué destiné, lui, au grand public cultivé.
Ludovic DUHEM est docteur en philosophie de l’Université de Lille3. Spécialiste de la pensée de Gilbert Simondon, il lui a consacré de nombreux articles autour des enjeux esthétiques, techniques et politiques. Depuis quelques années il a engagé un dialogue avec la « mésologie », ou « étude des milieux », d’AugustinBerque pour articuler écologie et technologie dans une pensée critique. Il a publié plusieurs ouvrages, dont récemment Design Ecosocial. Convivialité, pratiques situées et nouveaux communs, It : éditions, 2018 et Design des territoires. L’enseignement de la biorégion, Eterotopia, 2020. En 2019, il a publié également sur Implications-philosophiques.org un entretien avec Jean-Hugues Barthélémy au sujet du livre de ce dernier : La Société de l’invention. Pour une architectonique philosophique de l’âge écologique (Éd. Matériologiques, 2018)